D'emblée, vous vous demandez : pourquoi se faire chier à passer à un autre OS et tout devoir réapprendre? Bonne question, à laquelle je vais m'efforcer de répondre pour commencer ce CR.
Il y a une quinzaine d'années environs, je me suis acheté une carte son usb semi-pro, vendue avec une license Pro Tools. A l'époque j'étais sur windows XP, tout marchait bien. Puis est sorti windows vista, que j'ai zappé, puis windows 7. J'ai refusé d'upgrade XP jusqu'à tard (bien après que microsoft ait cessé le support). En passant sur 7, bim plus de ProTools (ma version n'était pas compatible avec 7, il fallait repayer une license). Prix de la license, environs 500€. Pas moyen. Je cherche à droite à gauche, et après avoir installé et testé une dizaine de DAW différents, j'en trouve un pas trop cher (60€), qui fait le boulot.
Les années passent, windows 10 finit par sortir. Cette fois je teste l'OS peu après sa sortie, mais de mon point de vue c'est pas vraiment un progrès cet OS. Je vire cette saloperie remplie de bloatware (j'ai qd même passé 4h après l'install à bricoler avec des scripts pour désinstaller toute la télémétrie et le bloat, mais rien à faire, à moins de débrancher internet qd je travaille pour pas risquer un windows update en plein enregistrement, c'est juste pas fiable). Hors de question de passer sur apple, me reste donc que linux.
J'installe ubuntu, on est un peu avant la naissance de Toki. Après des heures de galère à fouiller les forums, impossible de bien faire marcher mon setup, je finis par lâcher l'affaire.
Je continue donc à utiliser windows 7, bien après que microsoft cesse le support, jusqu'à cet été.
Pourquoi changer? D'une c'est pas une super bonne idée de continuer à utiliser un OS qui a plus eu de mise à jour de sécurité depuis des années, et puis d'autre part un jour ou l'autre je serai coincé, donc plutôt que d'attendre la prochaine version de windows, autant retenter linux. Et puis j'aime bien bricoler avec un ordinateur.
Les choses ont beaucoup changé entre temps. Maintenant linux à un DAW professionnel, d'excellente facture. Un très bon logiciel d'édition de partitions, et on peut même jouer avec steam à des jeux windows only en utilisant leur couche de compatibilité proton. Bref, je cherche un peu, et je trouve un tuto d'un mec qui fait de la musique electro sur linux, avec manjaro. Vu qu'il explique tout le setup et que je veux pas me faire chier, je décide d'installer manjaro, version KDE-Plasma, c'est-à-dire une interface qui ressemble plus ou moins à windows.
Deux mois plus tard, le bilan : tout marche niquel, j'y suis j'y reste.
Je suis passé de ça :
A Musescore. De Reaper à Ardour. LibreOffice existe évidemment sous linux. HP a maintenant ses propres drivers pour linux, donc on est plus obligé de passer par CUPS (qui soit dit en passant marche très bien sur le portable de Misako) pour faire fonctionner l'imprimante réseau. Nvidia distribue des drivers et AMD a rendu ses drivers graphiques open-source. On est bien loin des années 2010 en matière de compatibilité.
Le truc excellent avec KDE-Plasma (de mon point de vue), c'est qu'on peut organiser plusieurs bureaux par activités. Par exemple, j'ai un bureau dédie à la musique
dans lequel s'ouvrent tous les programmes dont j'ai besoin qd j'enregistre ou j'édite des partitions. Avec un raccourci je peux passer d'un bureau à l'autre, un ou j'ai un brower, mail, etc et l'autre ou j'ai tous mes programme ouverts. Au lieu d'avoir à jongler d'une fenêtre à l'autre, c'est bien mieux organisé comme ça.
C'est un peu comme avoir un dual boot, mais sans avoir à rebooter. Très pratique.
La distribution de linux que j'utilise, manjaro, est basée sur Arch-linux, et donc fonctionne sur le même principe : pas de "releases" qu'il faut réinstaller au fil des années, mais un système de "rolling release", c'est-à-dire que l'OS est mis à jour régulièrement, de manière incrémentielle.
Tous mes jeux fonctionnent sans aucun problème, y compris ceux qui n'ont pas de version native pour linux. Bon je joue pas à des jeux très exigeants, et pas de jeu de grosse boîte comme EA qui forcent l'installation de launchers grotesques et autres anti-cheat, donc mieux vaut tester avant de sauter le pas.
De plus, il existe de plus en plus de jeux disponible nativement sur linux, comme par exemple Crusader Kings 3 qui sort en septembre. Grace à Valve qui a lancé sa propre distribution (steam os).
Ce site : https://lutris.net/ répertorie les jeux qui marchent bien sur linux, et fournit des scripts d'installation pour ceux qui posent problème.
Au final j'ai passé assez peu de temps en à taper des commandes dans le terminal, et les fois où j'ai du le faire j'ai eu des petits trips nostalgie en me rappelant du bon vieux temps sous ms-dos!
Le bonheur de taper un "sudo pacman -Syyu" pour mettre à jour tout son système (OS + programmes) d'une seule commande, splendide! En bonus ça fait classe pour les conversations dans les dîners en ville. Robert acquiescera sans nul doute.
Cela étant dit, la plupart (hormis les desktop/laptop) des équipements électroniques fonctionnant sous linux (serveurs, NAS, android, objets connectés, etc) c'est un avantage non négligeable de comprendre comment linux est construit pour interagir avec eux. J'ai un NAS qui me sert de backup et de media center dans le salon, et interagir avec est au final plus simple sous linux qu'avec windows, pour la raison évoquée plus haut.
J'ai installé linux mint chez ma mère suite à son déménagement, c'est aussi un bon moyen de redonner une seconde vie à un vieil ordi, qui fonctionne encore très bien, mais qui rame à fond à cause des années. L'ordi portable de Misako ayant rendu l'âme, je lui ai pris un dell premier prix à 250€ et j'ai mis manjaro-xfce dessus, ça tourne niquel, bien mieux que windows 10 sur ce genre de machine faiblarde au niveau du cpu et de la ram.
Bref je vous encourage à tester pour vous même, linux fonctionne avec un installation "live" à partir d'une clé usb (sans rien installer sur le disque et donc sans compromettre une installation existante), ce qui permet de tester pour vérifier que tout le matériel marche bien avant de sauter le pas.
zero!