Oyez, oyez, misérables pécores!
Nous retrouvons nos aventuriers, partis d'Ashberg après avoir résolu l'affaire des enfants disparus, hors des sentiers battus, en direction du Mahakam.
Le chemin indiqué par les villageois s'enfonçait dans une lande montagneuse où des collines rocailleuses accueillaient une végétation atrophiée. Après plusieurs semaines de marche dans ces contrées hostiles, sans avoir croisé âme qui vive, le petit groupe passa la nuit à la belle étoile à flanc de colline. La nuit, le ciel se couvrit, un orage éclata, et la pluie eût vite fait d'éteindre le feu que les compagnons avaient allumés pour éloigner les bêtes sauvages.
Des hurlements les sortirent de leur torpeur. Ils sortirent de leurs tentes, leurs armes à la main, découvrant face à eux un groupe de loups qui avaient encerclé leur campement, attirés par l'odeur de la mule d'Algor.
Les bêtes sauvages lancèrent l'attaque contre les aventuriers, les babines retroussées.
Le combat s'annonçait périlleux pour le groupe, les loups les surpassaient en nombre et leur hargne était décuplée par le manque de nourriture dans ces collines arides. Soudain, une flèche transperça le flanc du chef de meute. Une archère elfe accompagnée d'un sorceleur avait ouvert le feu sur les bêtes. Deux d'entre elles se détournèrent du groupe pour attaquer les deux nouveaux arrivants.
Les loups, pris entre deux feux, tombèrent les uns après les autres. Une fois la bataille terminée, l'elfe et le sorceleur s'approchèrent des aventuriers.
Oban leur tint à peu près ce langage :
"Par la sainte chopine de bière, merci à vous fiers combattants! Vous nous avez sortis d'une mauvaise passe. Mes compagnons et moi même sommes reconnaissants. Êtes-vous blessés? Je suis docteur je peux vous soigner."
L'elfe s'approcha d'eux, les jaugeant du regard. Son regard se fixa sur Agnès, et les compagnons purent sentir en elle la profondeur de son ressenti envers cette race qui avait massacré les siens. Elle se tût.
Le sorceleur parla :
"Je suis Tokus le sorceleur. Olympe et moi-même avons quitté le Dol Blathanna il y a maintenant un mois. Nous passons dans ces collines pour éviter les patrouilles de Nilfgaard. Ces contrés ne sont pas sûres. Vous ne devriez pas vous y aventurer sans une solide escorte."
Malgré les réticences de part et d'autre, les deux groupe décidèrent d'unir leurs forces et de faire le chemin ensemble jusqu'au Mahakam.
Le lendemain, il reprirent la route. Après plusieurs jours de marche, ils aperçurent au loin une tour de pierre. Le chemin les y menait, et couper à travers colline leur aurait fait prendre trop de risques et perdre trop de temps.
A l'approche de la tour, Olympe - magicienne elfe - sentit dans l'air la présence de magie, sans pouvoir en déceler la nature.
Agnès s'approcha de la porte d'entrée avec moultes précautions. Elle frappa à la porte. Pas de réponse. Algor et Oban hélèrent l'habitant. Pas de réaction.
Prenant son courage en mains, Agnès ouvrit la porte. Elle n'était pas fermée. A l'intérieur, un cercle tracé à même le sol. Sur les murs, des étagères remplies de crânes, ossements, flacons de parties de monstres, etc.
Tokus s'approcha d'une étagère et tenta de se saisir d'un flacon. Une décharge électrique traversa son bras et le fit reculer de stupeur. La salle était sans nul doute protégée par un envoûtement. Au fond de la pièce, un escalier menait à un premier étage. Algor et Oban l'empruntèrent et découvrirent à l'étage une cuisine, une salle de vie et une chambre à coucher. Dans celle-ci, une armoire elle aussi protégée par de la magie à l'intérieur de laquelle ils trouvèrent des robes. Une commode à côté du lit renfermait des parchemins faisant l'inventaire de réactifs et composants.
Agnès était restée en bas pour faire le guet. Les deux nains et l'elfe décidèrent de se rendre au dernier étage mais stupeur - Tokus avait disparu. A l'étage, ils découvrirent une femme lévitant en tailleur à l'intérieur d'une bulle de protection. Sans nul doute une magicienne au pouvoir immense.
Les nains engagèrent la conversation. La femme ouvrit les yeux, visiblement impassible à cette intrusion dans son domaine.
"Votre compagnon? Il s'est approché un peu trop près de mes grimoires. Je l'ai téléporté à quelques lieues d'ici. Il est sain et sauf... pour l'instant."
L'échange qui suivit leur permis d'apprendre que cette magicienne - du nom d'Analia - vivait recluse dans cette tour pour se consacrer à son étude du chaos primordial. Elle leur révéla que le chemin au nord passait à proximité du terrain de chasse d'un couple de griffons, et que le groupe n'y survivrait sans doute pas. Au sud, un sentier menait vers une grotte et qui permettait de quitter les collines. Cette caverne était la tanière d'une guenaude sépulcrale. En échange de ses oreilles et ses dents, elle accepterait de donner à Olympe deux parchemins pour les sorts de Télékinésie et d'abri d'Urien.
Elle les mit en garde, sans le sorceleur le combat serait redoutable. Elle leur permit d'établir leur campement sur son domaine, mais il leur fallait quitter sa tour, ils n'avaient que trop perturbé ses recherches.A l'extérieur, ils discutèrent ensemble de la marche à suivre. Sans son compagnon pour tempérer ses ardeurs, Olympe s'avéra incapable de dominer le chaos intérieur qui la dévorait. Il fallut tous les talents de persuasion d'Algor pour qu'elle consente à se joindre à eux et prendre le chemin de la caverne.
Aucune trace de Tokus à proximité de la tour. Ils levèrent le camp, direction la caverne de la guenaude.
Le chemin devenait de plus en plus impraticable pour la mule et le chariot d'Algor. Ils durent donc l'abandonner et lui rendre sa liberté, cachant tant bien que mal les biens du marchand qu'ils ne pouvaient emporter avec eux.
La gueule béante de la caverne déchirait le flanc de la montagne. La pénombre qui y régnait ne leur permettait pas d'en distinguer l'intérieur. Agnès s'approcha furtivement. Un groupe de Nekkers y avait élu domicile. Il faudrait les déloger pour pouvoir entrer. Aucune chance de se faufiler inaperçus.
Oban prépara un piège avec sa corde, mais Olympe, visiblement très agitée, insista pour en modifier l'installation.
Agnès escalada la paroi pour se placer au dessus de l'ouverture, puis imita le cri d'une chèvre pour attirer les Nekkers à l'extérieur. Oban et Algor se tenaient prêts à ouvrir le feu sur les premiers Nekkers. Olympe, en proie aux voix intérieures qui tourmentaient son esprit, resta bien en évidence au milieu du chemin.
Les talents de duperie d'Agnès s'avérèrent insuffisants pour tromper la vigilance des Nekkers. Ces derniers n'eurent aucun mal à déceler la supercherie. Ils chargèrent en nombre à l'extérieur. Le piège s'avéra être un échec total : arrimée à un buisson plutôt qu'à une pierre comme initialement prévu, la corde n'était pas assez tendue pour faire trébucher les Nekkers. Au contraire, en faisant remuer le buisson elle leur révéla la position du nain qui s'était caché derrière les arbustes.
Trois Nekkers foncèrent sur Olympe, deux sur Algor, deux autres suivant de près.
Agnès fondit sur ces deux derniers, les prenant par surprise. Oban attaqua les deux autres avec sa dague. Algor tira un carreau d'arbalète, ratant complètement sa cible. Olympe lança le sort Grêle de Cary qui terrassa les trois Nekkers qui l'avaient prise pour cible.
Le chien d'Algor tenta de bondir sur un des petits montres, mais ne réussit qu'à se fracasser le museau sur un rocher.
Un des deux Nekkers aux prises avec Agnès parvint à lui porter un coup critique au crâne. Le coup terrible lui fit perdre connaissance, elle se vidait de son sang, sa boîte crânienne défoncée par la violence de l'assaut. Sans aide, elle serait bientôt morte. Algor eut beau recharger son arbalète plusieurs fois, tous ses carreaux se perdirent dans la nature.
Oban vola au secours d'Agnès, et parvint à stabiliser la plaie et le saignement, pendant que la magie d'Olympe décima les Nekkers restant.
Les combattants durent battre en retraite, étant trop affaiblis pour continuer leur périple dans la caverne obscure. Ils leur faudrait se reposer plusieurs semaines pour guérir de leurs blessures, avant de pouvoir retenter l'aventure.