Oyez, oyez tocardes et tocards!
Je vais vous conter les aventures fabuleuses d'Algor et Oban les nains, dans leur quête pour rejoindre les contrées du Mahakam; ainsi que celle d'Agnès, criminelle au passé obscur.
Cette aventure débute dans la petite ville d'Ashberg, nichée entre les montagnes et la rivière Dyfne, dans la vallée du Pontar, à la fin des années 1260 durant la deuxième guerre entre l'empire de Nilfgaard et les royaumes du Nord. La ville de Vergen est assiégée par les troupes impériales, la vallée du Pontar n'est plus qu'un champ de ruines putride parsemé de charniers encore fumants où s’amoncellent les cadavres des combattants tombés lors des combats.
Ravagée par la guerre, la ville d'Ashberg est tombée récemment sous contrôle impérial. Sire Nowak le vil y a imposé la loi martiale, secondé par son fidèle lieutenant Athanor Kowal le sadique, qui exécute les dissidents en leur coulant du plomb en fusion dans la gorge.
Les deux nains pénétrèrent dans la ville d'un pas hésitant, pataugeant dans la boue encore rougie par le sang des cadavres. Ils sentaient peser sur eux le regard inquiet de villageois tapis dans leurs maisons. Quelques pauvres hères s'affairaient à nettoyer les traces du carnage tout récent.
Oban le docteur et Algor le marchand poussèrent la porte de la taverne de la Tête de Loup. L'air vicié par l'odeur de sueur mêlée à l'alcool frelaté leur chatouilla les narines. Tapie dans l'ombre dans un coin de la salle, Agnès affûtait son poignard d'assassin pendant que l'aubergiste lui parlait à voix basse.
Les deux nains s'installèrent à table, leurs médailles rouillées clinquant les unes contre les autres.
Algor, d'une voix profonde interpella l'aubergiste : "Holà tavernier! Deux choppes de ta meilleure bière et à manger pour deux nains affamés!"
Jaarvil interrompit sa conversation avec Agnès, se redressa et fit signe à la plantureuse Yolaand de servir les deux étrangers. Il reprit sa conversation à voix basse, et - quelques instants plus tard - vint s'attabler avec celle-ci à la table des deux nains.
Il les supplia de le retrouver derrière l'auberge à la nuit tombée, où il leur tint à peu près ce discours :
"Etranger, not' patelin est dans une mauvaise passe, sinon j'supplierais pas des voyageurs de nous aider. Chaque nuit de plus en plus de nos petiots manquent à l'appel, et personne n'y fait rien! Y'a queq'chose qui rôde dans nos rues! Le seigneur a doublé la garde mais y z'ont rien vu! tous ceux qui essaient de combattre cette chose se font écraser. On n'est que des paysans et des drapiers, on n'a pas grand chose, mais j'peux vous offrir pas mal de bonnes pièces d'or et aussi un secret qui vaut cher! Je connais un passage secret vers le Mahakam. Tous le monde sait que vous ne pouvez pas aller vers l'ouest. Les éclaireurs noirs de l'empereur vous trouveront et c'en s'ra fini de vous!"
Ils se concertèrent quelques instants puis, hochèrent de la tête. Pour un prix bien supérieur à celui initialement proposé par Jaarvil, ils aideront les villageois à éclaircir le mystère des enfants disparus. Agnès se joindra à eux pour leur prêter main forte. A eux trois, nul doute qu'ils arriveraient à leurs fins, leur permettant par la suite de s'exfiltrer de la vallée du Pontar et de ses combats incessants.
Après avoir questionnés Jaarvil et quelques villageois, nos trois aventuriers se dirigèrent vers la morgue où un elfe mince et dégingandé du nom d'Aeron le réserva un accueil glacial. Il leur présenta cinq corps de villageois découverts au lever du soleil. Leurs portes avaient été défoncées, les victimes battues à mort, et leurs enfants avaient disparu.
Oban le médecin examina les corps. Il arriva à la conclusion que les villageois avaient été tués par de terribles coups, leurs os et organes internes pulvérisés par une arme contondante sans doute extrêmement lourde.
Aeron accompagna les trois compagnons d'infortune vers le lieu du dernier crime, où ils surprirent trois bandits en train de piller la chaumière.
Deux des bandits tombèrent sous les assauts des trois aventuriers, et le dernier malheureux les supplia d'épargner sa vie en échange d'informations.
"On est venu cambrioler la baraque. Vous savez... les morts y z"ont pas b"soin de leurs affaires. Mais y avait ces espèces d'horribles nabots fouineurs qui rampaient un peu partout. On s'est dit qu'on allair les chasser... mais r'gardez, y"en a un qui m'a bouffé le doigt! Et le nez d'Herman! On dirait qu'ils cherchaient à manger. On les a chassés. Z'ont décampé dans les collines."
Le chien d'Algor n'eût aucun mal à pister les Nekkers dans les collines avoisinant le village. Après un combat intense, les trois aventuriers parvinrent à se défaire des cinq sales petites vermines qui se disputaient le corps sans vie de la villageoise.
De retour au village pour se reposer, Algor, Oban et Agnès passèrent la nuit dans la taverne, sur des paillasses de fortune à même le sol dans la pièce principal. Au petit matin, des serviteurs de dame Sibilia virent à leur rencontre.
"Bien le bonjour, voyageurs. Vos présences sont requises par dame Sibilia. Sa Seigneurie est au courant que vous enquêtez sur les enlèvements d'enfants et souhaiterait vous apporter son aide."
Les trois compagnons se rendirent au manoir de Sibilia après quelques tergiversations. La dame leur expliqua la nature de sa requête : son fils Adalbert avait disparu lui aussi et elle souhaitait - moyennant récompense et l'aide de deux de ses gardes - qu'ils partent à sa recherche.
Après avoir inspecté sa chambre, et le trou béant dans le mur défoncé par un colosse non identifié, la petite troupe suivit le chien d'Algor qui n'eût aucun mal à pister le jeune Adalbert dans les montagnes.
Le groupe découvrit dans les collines une caverne abritant un groupe de Nekkers. Un combat épique les opposa. Agnès frôla la mort lorsqu'un des Nekkers la pris par surpise et déchira ses boyaux avec ses griffes. Ce ne fût que grâce aux soins attentifs du docteur Oban qu'elle survécut!
Au fond de la caverne le groupe découvrir l'antre d'un troll de pierre, absent à ce moment là, ainsi que des amoncellements d'os de nature inconnue.
Le petit groupe se sépara en deux, les gardes de Sibilia retournèrent voir leur maîtresse pour l'informer des derniers développements de l'enquête.
De retour au village, les aventuriers surprirent le troll, un panier d'osier à la main, en train de discuter avec un groupe de gardes de sire Nowak. Le troll leur remit le panier puis repris le chemin des collines. En tentant de suivre le troll, Oban le maladroit fit un raffut qui ne trompa pas sa vigilance. Ils réussirent cependant à le raisonner et eurent droit à son histoire :
"Woolabag désolé, humains. Pas taper avec bâtons pointus! Woolabag bon troll! Punir les méchants! Woolabag faire mal aux méchants humains! Woolabag faire bon travail! C'est monsieur brillant qui l'a dit!"
Petit à petit, les aventuriers apprirent du troll qu'il pensait faire le bien en prenant des enfants pas sages et en les apportant à sire Nowak pour qu'il les punisse. Il était payé en moutons et cerfs et pensait rendre service au village.
De retour à l'auberge, une dizaine de gardes de sire Nowak leur tendit une embuscade! Direction le cachot pour une nuit derrière les barreaux.
Le lendemain à l'aube, les deux nains et l'humaine furent conduits par un groupe de gardes dans la chambre de tortures d'Athanor Kowal. Alors que leur fin semblait proche, un page de dame Sibilia fit irruption dans la pièce et réussit à convaincre Kowal de l'accompagner pour résoudre une affaire urgente. Les trois compagnons se retrouvèrent seuls dans la pièce avec deux gardes.
Agnès, qui avait pris la précaution de dissimuler du chloroforme dans une cachette secrète dans sa manche, parvint à endormir un garde pendant que les deux nains maîtrisèrent le second.
Au dessus du sinistre cachot et de sa salle de torture, ils découvrirent un cellier où étaient faits prisonniers les enfants des villageois, ainsi que le jeune Adalbert. Une fois libres, cette petite troupe remonta les escaliers vers le rez-de-chaussée du palais de Nowak, afin de s'enfuir et de rameuter la population. Quelle ne fût pas leur surprise lorsqu'ils tombèrent nez à nez avec Woolabag le troll qui venait de faire irruption dans le palais en défonçant la porte de derrière.
Voyant qu'il avait perdu le soutien du troll, sire Nowak s'enfuit avec ses gardes, pendant que Woolabag et les aventuriers étaient aux prises avec Athanor Kowal.
Ce dernier n'était pas de taille à affronter seul un troll de pierre et malgré un combat héroïque, se fit exploser le crâne par un coup d'une brutalité inouïe de Woolabag, enragé d'avoir été ainsi dupé.
Après avoir libéré les enfants et Adalbert, les aventuriers furent récompensés par les villageois. Dame Sibilia leur offrit l'hospitalité le temps qu'il puissent se remettre de leurs blessures.
Jaarvil et quelques villageois les accompagnèrent dans les collines où ils leur montrèrent un passage dans les collines, inconnu des troupes Nilfgardiennes, qui leur permettrait de rejoindre le Mahakam en évitant Vergen au nord et Vengeberg au sud...
Excellent récit. Ambiance Witcher maginifquement retranscrite par votre habile plume. Ca donne envie de rejoindre l'equipe. Zero
RépondreSupprimerTrès beau récit. Bravo Renfl!
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