C’est toujours une deuxième épreuve, après une course, d’en rendre compte fidèlement.
Ce CR est deux fois plus compliqué par l’envie que ce séjour me donne de vous raconter la ville plutôt que la course. Quelle ville ! Et quelle putain de course. Je me lance, au risque que le scrollperstif devienne en soi un concours sur 2017.
Mais je commence ou ? Tiens en vous racontant les deux en même temps.
Je vous rassure d’abord avec cette photo pour vous dire que j’ai profité de mon WE pour ne pas zapper.
Enfin presque – j’ai zappé de bouffer des pates la veille, et de petit déjeuner le matin de la course. Faut me comprendre aussi, j’étais avec Jenny et Coen (mon pote Dutch, CF CR précédent, toujours prononcé « Coune ») avait Pauline avec lui ; pas trop l’ambiance « merci d’être venue les meufs, oubliez votre samedi soir on mange des pates allez salut »).
Donc Samedi consacré à la découverte de la ville, qui ressemble à : un bar à tapas / un autre bar à tapas / une église / une place ou des espagnoles squattent. Et vous répétez en rajoutant des petites boutiques et des immeubles jolis, et des orangers partout dans la ville. Voilà Séville.
Premier bar à tapas, on a envoyé tellement de tapas c’était scandaleux. La bière de jenny m’a couté deux fois moins cher que ma bouteille de flotte. 48€ à 4 en donnant tout.
Voici une photo ou je zap :
Nous avions trouvé une rue mortelle ensuite, parc / pelouse au milieu, entouré de bars en enfilade, grand soleil, des locaux avec des bozes qui fument à même la terrasse du café pendant qu’ils boivent des coups. On a enchainé les bouteilles d’eau et les cafés pendant que les meufs envoyaient des bières.
Le soir, on test un bête de resto, et évidemment ils n’ont pas de pates au menu. Donc on prend autre chose, j’ai la pleine confiance, et le lendemain matin RIEN n’est ouvert. Donc je me retrouve à la ligne de départ avec 3 pâtes de fruits et c’est tout. Un peu le sentiment d’être à moi tout seul une horde de Dodo avec trois pastèques avant l’ère glaciaire.
Le marathon, c’est ça :
Et 20 kilomètres de boring commence la course. C’est plat, c’est des grandes avenues, ya peu de monde (en même temps on a pris le départ à 8h30), les immeubles sont moches, les avenues sont moches.
Au départ, en attente dans le sas, un drone passe au-dessus de la foule. Toutes les mains se lèvent et les têtes se tournent pour gesticuler bêtement dans la direction de cet objet. Je pense à Romain, je suis sûr que dans la tête du gars qui manœuvre le drone il y a un drone qui ricane en se disant qu’il nous contrôle tous.
Les kilomètres s’enchaînent, je suis plutôt bien, je m’ennuie un peu, c’est moche. Je me rends compte que les marathons et la F1 se ressemble – tu ne cherches pas à aller vite, mais à aller aussi lentement que ton équipement te permet tout en restant dans le rythme.
C’est au KM 8 que je mange ma première pate de fruit. Du coup, boost de sucre, mon corps est content, j’accélère.
Les Castillans sont vraiment cool. Beaucoup plus que les Catalans ! Je m’en suis rendu compte à travers le WE, ils ont en plus un plaisir réel à se rencontrer et à tchatcher.
A Séville, le grand truc du centre-ville c’est des calèches qui promènent les touristes. Cadeau pour Payz, un conducteur avec le cul dans le nez du cheval.
KM 18, je me rends compte que la course va être très longue.
Pour parler Espagnol, il faut parler tout le temps. A chaque fois que je préparais un speech (genre « yo quiero une recommendation parra el vino blanco, yo quiero un mas mineral vino blanco »), si je ne le déballais pas de suite, le mec s’empressait de remplir le silence.
Faut aussi avoir la tête un peu vénère. Genre :
Jenny qui parle Espagnole :
Jenny qui parle Français :
KM 20, un type me dépasse en poussant une handicapée. La course va être très, très longue.
KM 21, deuxième pate de fruit. Pas de boost. Je suis dans la merde.
Quand on visite Séville, et surtout quand on voit la Cathédrale, on comprend pourquoi l’Espagne était le centre du monde au 14ème siècle. Cette ville est un mélange permanent de motifs perses et arabes, et de style catholique. Le palais et les jardins du roi sont à couper le souffle, genre ce mur :
Un peu comme le premier mur, celui du KM 25. Je commence à avoir des crampes… merde. Même pas encore au 2/3 ! Mais j’ai un système, j’enlève 2,5% à chaque kilomètres depuis le KM21, en partant de 50… bon ça m’occupe quoi.
Ravito suivant, je bois de l’eau, je rechope un verre pour m’asperger avec, je m’asperge avec…et me rend compte que ce n’est pas de l’eau mais de l’isostar, (une sorte du Powerade), et que j’en ai plein la gueule. Putain c’est long cette merde. Et deux kilomètres avec la gueule poisseuse avant le prochain ravito d’eau (ou j’oublie de me rincer la gueule bien sûr).
La cathédral abrite les restes d’une mosquée – le Minaret, tellement beau que mêmes ces fachos de l’inquisition l’ont conservés en construisant la cathédrale sur les ruines fumantes de la Mosquée.
Enfin ! KM 30, on arrive plus proche du centre historique. Je vois l’arrêt de bus que j’ai pris ce matin, l’envie de bifurquer vers la casa est immense. Seule ma fierté m’en empêche.
La vue aussi est dingue. Quelle ville ! tof prise depuis le haut du minaret
Prise devant une construction moderne, la plus grande construction en bois du monde si j’ai bien compris. C’est très moche et les locaux appelle ça « le champignon ». Vaut mieux être dessus que devant.
KM 34, on passe par la place de l’Espagne. Cette place est magique (les photos de jenny qui parle ES et FR sont prise de la bas). On a beau être au pire moment de la course, j’ai beau avoir pris mon deuxième mur, je pense à vous, et je ne zap pas.
Chaque kilomètre dure un marathon. Je suis à sec. Je croise les meufs (totalement par hasard, elles se sont posées 10 minutes mater les mecs qui passent et c’était le bon moment pour moi). Coen est déjà arrivé. KM 36.
KM 38 : je marche pour la première fois. Se passe 5 minutes assez irréelles, ou j’essaye de me convaincre que si je fais demi-tour, le temps que j’arrive à la casa ma montre indiquera 42,195 KM – ça compte non ? Putain de fierté. Je continue.
KM 40 : deuxième panne. Je me rends compte que je suis à sec d’énergie. Egalement que ça n’a rien à voir avec le rythme cardiaque, contrairement à Meda. Voyez plutôt :
Voyez ? Oui certes je suis monté à 170, mais c’est rien de pire que ce que je fais en m’entrainant.
Je demande – non, je mendie - un verre d’eau dans un commerce. Je m’arrête 2, 3 minutes en hésitant vraiment à prendre un portable à un passant pour envoyer un texto à Jen, pour prévenir Coen que je n’y serais pas et faire demi-tour. Je repas en boitant. En courant. Putain la fierté ça coute.
KM 41 : je reconnais le passage que j’ai marché pour rejoindre l’arrivée ce matin. C’est bon ! Quoiqu’il arrive c’est fait. Une grosse me dépasse. Je cours, pas vite, mais je cours. C’est ainsi que je me rapproche de l’arrivée, que j’arrive devant l’entrée du stade, que je passe sous l’entrée, et je fais mon petit tour du stade (Betis Seville, stade énorme. Quand tu te balades, t’imagines 40 000 espagnoles en train de brandir leur poing en te regardant une fois que tu viens de mettre un but, et tu comprends pourquoi les footballeurs sont les sportifs les plus cons, et les mieux payés du monde).
KM 42,100 : JE ZAP PAS. Ça devrait me valoir quelques votes du KGB sur l’élection de l’année cette non zappance sans photomontage. Et un big up au gars derrière qui zap aps pour oim.
KM 42,195 : JE NE ZAP PAS. Pour de vrai.
Le retour a été épique avec Coen. Le bus sentait tellement mauvais, je me gênais moi-même avec mon odeur de clochard.
Mille bières et tapas plus tard, une sieste, un gros diner avec deux bouteilles de vin, et visite le lundi avant de repartir à Paname.
Accro à la course ? Moi ? Queue dalle, enfin je cours juste le semi de paris ce dimanche (avant d’arrivé chez Payz) et mon 4ème marathon fin Avril. Cette fois-ci pate et petit dèj.
Et on retourne en équipe à Séville QUAND VOUS VOULEZ pour faire tapas, visite, et farniente.
Et surtout - SURTOUT - guess who did a mother fuckin' 4:20? spéciale dédicace à iChacal pour le chrono parfait. preuve à l'appuie:
Lobster.