Si le Marco d’il y a 4 ans rencontrait le Marco de ce weekend, il se serait bien foutu de sa gueule. « tu cours ? tu dois être débile toi ».
C’est vrai que c’est con. Déjà c’est chiant de courir. Ca abime tout, ça fait mal aux genoux et au dos, et tu bouffes la pollution en guise de sport dès que tu sors dans ta ville. Sans oublier que le premier mec qui a fait un marathon est mort à l’arrivée !
Mais bon. Quand tu cours, ton corps secrète de l’endorphine – de la drogue quoi. Et moi j’aime bien la drogue. (parait que c’est addictif aussi).
Le marathon d’Amsterdam commence pour moi avant la ligne de départ – il commence 3 jours avant, à la sortie de l’anniv de JB, quand je rentre à la maison et que je me rends compte que j’ai chopé le rhume de Jen.
Deux jours de thé, de diète, de Fervex et de couette, puis le train vers Dam, la pasta party de la veille avec ma sœur et son mec / mon pote Coen (prononcé « coune ») sa meuf, et d’autres potes français et dutch, et me voilà le petit matin, debout à 6h. enfermé dans la cabine de douche + chiottes de l’hôtel pour éviter de réveiller mon pote Cedric, qui a fait le voyage avec moi, mais qui ne court pas le marathon s’étant blessé en s’entrainant pour.
Comme JB et Nelson vous l’attesteront, c’est dans ces moment-là que les détails comptent – or, le caca est bon, j’y vois comme un signe positif pour la course à venir. J’ai mon iPod nano, j’ai mes barres d’énergie, mon dossard, ma petite sacoche de main pour avoir un peu de boisson énergisante entre les ravitos. Je suis prêt ! et que diable ce rhume qui s’est réveillé ce matin, parait qu’un peu de fièvre peu aider… ?
Je retrouve Coen devant l’entrée du stade olympique, on est chaud, tout le monde est sympa, c’est gavé de français. Je trouve mon sas, et go ! nous voilà parti.
Les premiers kilomètres passent comme dans un rève – je me sens bien, la foule est sympa, je trouve mon rythme malgré mon nez qui coule et mon cœur qui bats un peu vite.
Des premiers panneaux marrants (“just finish it ! that’s what she said”), et pleins de français dans la foule. Des drapeaux bretons, des « allez les gars », mais bordel je suis à Dam quoi ! sont ou mes cris de Grüüts ?
On passe le Vongel park, puis sous le Riikjs museum (magique), et on part au sud de la ville. Toujours cool, et je me retrouve à discuter avec le mec des 4h (comprenez, un mec qui cours avec un panneau « 4h », vous devinerez jamais en combien de temps il termine le marathon), on passe les 10 bornes, mon nez coule, mon cœur bats vite.
S’ensuite un passage ou on sort de la ville, pour suivre un canal avec des maisonnettes toute mignonne devant des champs et troupeaux à perte de vue – des mecs qui font du jet-pack aquatique sur le canal – toujours dans le rythme, je sors mon ipod et m’envoie la playlist du mariage de Teather, ramené pour l’occasion. Première fois de ma vie que je cours avec de la musique, c’est pas mal en fait. Mais cette playlist est bizarre – je me souvenais d’un enchainement hyper bien travaillé, ce qui semble pas être le cas – peut être que dans mon souvenir c’était mieux ? (je me rendra compte le lendemain que j’avais mis le bordel en lecture aléatoire). Deuxième panneau cool, deux anglais avec chacun un – le premier « always give 100% » - le deuxième « except when giving blood ». j’envoie un petit mouchoir pour me féliciter du coup.
On passe la moitié de la course – 2h00 pour moi – je suis sur le même rythme que le précèdent. On quitte le canal pour arriver sur une zone industrielle. Panneau « if my mom can do it, you can do it ».
J’arrête d’écouter l’iPod, je me dis qu’entendre les gens nous encourager va me motiver.
Et là, c’est la crise. Km 26 – je défaillis. Sans trop comprendre, je passe d’une allure contrôlée et constante (autour des 11km/h) à je me traine, j’ai mal, je comprends pas. Mon corps, après 2h30 d’efforts, me fait comprendre que 3 jours de diète + pas assez d’oxygène = vengeance. Mon cœur s’emballe, je suis pas bien, je marche 1 minute. Ravito, verre d’eau, banane, ouf ! ça va mieux.
Panneau. « only 14.7 km to go ». putain mais 14.7 bornes quoi ! mon nez coule. Mon cœur bats trop vite. Je me dis, je sais plus trop. Quelle connerie cette course. Je hais ces gens. La vie est nulle. Je marche. Je cours. On est au km 31. Putain 11 bornes encore ! mais c’est éternel ! ca fait 3 heures que je cours. La zone industrielle est moche. Ya peu de monde. Je passe un groupe de supportrice française, elle chante une connerie. Je les hais.
Mais je tiens encore. On sort de la zone industrielle. La ville revient, les foules aussi. Les ravitos s’enchainent. J’en peux plus de boire de la boisson spéciale. De l’eau putain. Des éponges pour me rafraichir la gueule. et me moucher dedans après, j’ai plus de mouchoir. Km 36. Je craque. Je marche, l’impression que j’ai évité de m’évanouir. Je marche vite pour éviter que les crampes s’installe (en fait c’est de l’acide lactique qui se mets au niveau des muscles, et la s’est foutu), mon cœur bats trop vite même quand je marche. Je cours. Je marche. Ravito. Je cours. Je marche. Km 38. Putain ça dure 5 kilomètres un kilomètre en fait. Des gens partout. Panneau « hurry up, the kenyans are drinking all the beer ». me fais même pas sourire (Il me fait sourire aujourd’hui).
On repasse le Vongel parc. Ça sent la fin, mais j’ai vraiment plus la force. Je cours par tranche de 400 mètres. Me reste un kilomètre, mon pote Coen (qui a fini en 3h19 l’animal, soit déjà depuis 50 minutes) me voit et m’encourage. Du coup je passe en courant, j’ai mon orgueil moi monsieur. Le stade se dresse devant moi, je sais que c’est l’arrivée. J’arrive même pas à m’en rendre compte. J’ai mal, je suis mal, je veux de l’eau. M’arrêter. Entrée du stade. « marco ! allez marco ! » je me retourne, ma sœur dans les tribunes, j’agite vaguement la main dans sa direction, j’en peux plus, l’arrivée est là. 200 mètres. 150 mètre. Je lève les bras, les deux, je me sens religieux presque. 50 mètres.
4h17. C’est fait. Quelqu’un à un mouchoir ? j’ai le nez qui coule. J’ai mal. Je veux de l’eau.
J’ai mis une petite demi-heure pour sortir du mal absolu, puis à boiter vers le tram pour retourner à l’hôtel. L’endorphine arrive en masse, ça va mieux. Je remarche 2 kilomètres pour retrouver l’hôtel, traversant la ville avec ma médaille autour du coup (et mon nom écrit dans mon dos aussi). Mon pote Cédric me retrouve devant l’hôtel, il y a un ascenseur. Je suis sauvé. Commentaire de Cédric dans la chambre – ça sent le clochard. Tu m’étonnes.
Lavé, étiré, on file vers un bar. J’envoie 3 litres de bière et deux planches. Ma sœur et Hendrik nous retrouve, on passe à table, je bois une bouteille. On sort de table, on se pose en terrasse, quelques pintes de plus. J’envoie un whopper. Je sens Cedric chaud, pour le calmer je lui propose qu’on passe au Dolphin – qui se trouve être dans la rue de notre hôtel, à deux numéros exactement ! après la moitié du purro, je manque de m’évanouir dans le coffee, je sors comme un voleur. Propose à Cédric de faire sa nuit sans moi, j’ai plus rien à donner, il est minuit. Je suis content.
Dès le lendemain, je me retrouve à programmer mon prochain marathon. Je serais pas malade. Je vais le déchirer. J’ai trop hâte. Le Marco d’il y a quatre ans avait bien raison.
Je suis vraiment débile.
vidéo finish ici